Pour en savoir plus sur ClubHouse, je vous invite à lire cet article très complet sur BDM.

La REtranscription

Note : Seuls les épisodes enregistrés en solo et qui ont une approche analytique et/ou réflexive sont retranscris intégralement sur le site du podcast. Ils sont alors publiés également sous forme d'article de blog.

Dans l’épisode d’aujourd’hui, j’ai envie de traiter d’un sujet à propos duquel j’ai pu récemment échanger avec d’autres photographes sur la nouvelle app qui fait fureur, à savoir Clubhouse. Il y a quelques semaines, avec mon ami photographe Jonathan Bertin, on a interpellé certains auditeurs sur Clubhouse, en leur posant la question qui tue : Instagram et Photographes: amis ou ennemis?

J’ai été surpris de constater que le débat est parti dans plein de directions différentes, et que même au bout de nos 3 heures de live, on n’avait toujours pas abordé la moitié des sujets que j’avais listés.

C’est sûr que la thématique est vaste, et il serait d’ailleurs prétentieux de ma part de vouloir apporter une réponse toute faite et peu nuancée à cette question. Je pense qu’en 2021, Instagram est nécessaire voire incontournable dans la carrière de tout photographe, et que la plateforme peut apporter son lot d’avantages. Mais je pense qu’il est aussi important de souligner toutes les dérives qu’elle entraîne ou pourrait entraîner.

1. Historique

Si vous écoutez/lisez cet épisode/article, c’est que vous utilisez certainement Instagram. Je ne vous ferai donc pas l’affront de refaire tout l’historique de l’app, mais je vais passer rapidement en revue certaines dates clés qui ont changé l’expérience utilisateur à tout jamais.

Instagram est apparu au grand public en 2010, et un an plus tard, elle était déjà désignée application iPhone de l’année, avec plus de 10 millions d’utilisateurs quotidiens.

En 2012, Facebook comprend qu’il a tout intérêt à s’approprier cette nouvelle app qui cartonne, et la rachète. En parallèle, Facebook est utilisé par le grand public depuis plus de 4 ans, et les petites entreprises et les propriétaires de pages commencent déjà à observer une baisse importante de l’engagement et de la portée organique de leurs posts, alors qu’ils étaient habitués à ce que toutes leurs publications touchent 100% ou presque de leurs fanbase.

En 2015, Instagram permet enfin à ses utilisateurs de publier des photos en horizontal ou vertical, après 5 ans de photos carrées. Le format vertical offre une expérience plus confortable à l’utilisateur, car la photo occupe plus de place sur l’écran. 

En 2016, Instagram change son algorithme pour se rapprocher de celui déjà en place sur Facebook. Les publications n’apparaissent plus par ordre chronologique dans le feed, mais sont affichées en fonction des comptes avec qui on interagit le plus.
Juste après cet énorme bouleversement, les comptes pros ont dorénavant accès à toutes sortes de statistiques, et peuvent maintenant promouvoir et booster leurs publications afin d’obtenir plus de visibilité. Certains utilisateurs commencent à se plaindre d’une chute de leur engagement.

Enfin, en 2019, Instagram teste localement une nouvelle fonctionnalité, celle de cacher le nombre de likes obtenus par un post.

Ce sont ici quelques faits qui me semblent importants et qui ont dénaturé à tout jamais la relation que les photographes entretenaient avec Instagram à ses débuts, mais j’y reviendrai un peu plus tard dans cet épisode.

Depuis 2019, Instagram teste localement les likes masqués

2. Les bienfaits d'Instagram

Je suis sur Instagram depuis 2011, et régulièrement actif de façon professionnelle depuis 2014. J’ai donc pu voir l’évolution de cette app de près, et j’ai surtout pu tirer profit des nombreux avantages qu’elle offre aux photographes. 

Parce que oui, même si aujourd’hui je ne pense pas que du bien d’Instagram, je ne m’imagine pas vraiment pouvoir m’en passer.

Chaque année je forme des dizaines de photographes à l’importance d’être sur Instagram pour leur business, et je leur explique comment en tirer profit de la meilleure des manières.

Moteur de recherche et réseautage

Instagram, avant toute chose, est une magnifique plateforme qui aujourd’hui sert à la fois de moteur de recherche et de carnet d’adresse.

Je ne compte plus les contrats que j’ai obtenus grâce à ma présence et mon activité sur Instagram. Mes clients me trouvent la plupart du temps via ce canal, avant même qu’ils n’aillent sur mon site internet.

Aujourd’hui, les agences de comm, les boites de prod ou de pub, et les iconographes de magazines utilisent tous Instagram. Pareil pour les particuliers qui auraient besoin de faire appel à un photographe pour un évènement. 

En 2021, il n’est plus nécessaire d’investir des milliers d’euros en publicité, ni même d’être le meilleur photographe de sa génération pour se faire connaître auprès des clients ou se faire un nom dans le métier. C’est la magie des réseaux sociaux, et du potentiel de viralité qu’ils offrent.

En ce qui me concerne, j’utilise vraiment Instagram comme un carnet d’adresses et un bloc memo. Dès que je découvre le travail d’un photographe qui me plait et que je ne connaissais pas, mon premier reflex va être d’aller voir son compte Instagram et de m’y abonner. Ca me permet de m’assurer de ne pas oublier son nom, ou du moins de pouvoir le retrouver plus facilement à l’avenir.

Instagram m’a également permis d’échanger voire de rencontrer des dizaines et des dizaines de photographes, qu’ils soient dans le domaine du voyage comme moi ou pas. Rien que pour cet aspect communautaire et de création de réseau, je peux tout à fait justifier ma présence sur Instagram.

Diversifier ses sources de revenus

Je voulais aussi aborder un autre avantage à être présent et actif sur Instagram.

A priori, lorsqu’on est photographe, on vend des prestations et/ou des images à des clients qui nous engagent pour shooter quelque chose. 

Instagram a ouvert une nouvelle porte aux photographes qui ont une large audience. Ceux-ci intéressent maintenant les marques et les agences pour l’aspect promotionnel et publicitaire qu’ils peuvent leur amener.

Prenons un exemple:

En 2010, une marque de parfum allait faire appel à un photographe renommé pour réaliser un certain nombre d’images d’un flacon. Le photographe lui remettait les photos, la marque les utilisait à des fins promotionnelles, et la relation s’arrêtait là.

En 2021, on peut tout à fait imaginer que cette même marque va faire appel au même photographe renommé, pour le même travail. Mais en plus de lui remettre les photos, le photographe aura comme mission supplémentaire de partager son travail sur son compte Instagram auprès de ses milliers d’abonnés. 

Tout le monde est gagnant dans l’histoire. La marque profite d’une plus grande visibilité en ligne, surtout si l’audience qui suit le photographe est sa cible de clients, et le photographe, lui, reçoit un cachet en bonus pour l’aspect promotionnel.

Ce type de relations n’est pas rare sur Instagram, et elle apporte un avantage et un confort de vie non négligeable pour un photographe. Son chiffre d’affaires va augmenter, et il aura alors plus de fonds à investir dans ses projets photographiques personnels qui lui tiennent à coeur, mais qui seraient plus difficiles à vendre à des clients tels que la presse.

Avoir une audience à qui parler directement

L’autre aspect primordial d’Instagram pour tout photographe, c’est évidemment de pouvoir avoir accès à une audience à qui parler directement. Une audience qui vous suit car elle aime votre travail, et donc, une audience qui potentiellement pourrait acheter vos produits. Que ce soit un livre, un tirage d’art, un calendrier, un atelier photo, … bref, tout ce qui est imaginable lorsqu’on est photographe.

Lorsque j’ai sorti mon premier livre photo en 2018, j’avais déjà communiqué dessus pendant près d’un an. Le livre est sorti en avril 2018, alors que mon projet Peaks of Europe débutait en mai 2017. 

Pendant toute la durée de mon voyage, je documentais mon quotidien dans mes Stories. Plusieurs dizaines de milliers d’abonnés suivaient mon projet photo jour après jour. Donc lorsque j’ai annoncé, juste avant Noël, que je travaillais sur la sortie d’un livre, mon audience a été ultra réceptive et ils étaient nombreux à le pré-commander 4 mois avant sa publication.

Encore une fois, pouvoir jouir d’un tel réseau de communication au quotidien et parler à une cible qualifiée qui aime déjà votre travail, le tout gratuitement, c’est quelque chose que beaucoup de photographes des 20-30 dernières années auraient adoré avoir.

Mais il serait bête de ne penser qu’à l’aspect lucratif que peuvent amener les abonnés. Ceux qui aiment votre travail et qui le suivent assidûment sont au final vos meilleurs ambassadeurs. 

Même si certains n’achèteront jamais aucun produit que vous vendez, ils peuvent tout à fait parler de vous et de votre travail à leurs proches. Instagram est donc un magnifique outil de communication et de relations publiques qui ne doit pas être négligé, mais qui demande certaines concessions. C’est le sujet de la deuxième partie de cet épisode.

3. Les travers d'Instagram

Avant de commencer à citer tous les aspects moins glorieux d’Instagram dans la vie d’un photographe, j’aimerais revenir sur 2-3 dates clés que j’avais mentionnées un peu plus tôt.

La pression de devoir poster des bangers

Je vous expliquais qu’en 2016, Instagram a lancé les comptes pros et les statistiques qui vont avec, ainsi qu’un nouvel algorithme qui a chamboulé toute l’expérience utilisateur. 

Cet algorithme a eu notamment pour conséquence de diminuer la portée organique des publications, et donc de diminuer l’engagement. 

Autrement dit: diminuer le nombre de likes reçus sur chaque photo.
Sur les 5 dernières années, Instagram n’a cessé de procéder à des changements de son algorithme, et une à 2x par an, on peut constater une nouvelle baisse de l’engagement.

Tout ça a provoqué énormément de frustration chez beaucoup de photographes, moi y compris. J’ai vu mes likes baisser de 25.000 par post en moyenne jusqu’à moins de 10.000 aujourd’hui.

La conséquence de cette frustration qu’Instagram a créé de toute pièce ?
La réponse est simple: la course aux likes, encore et toujours.

Vous ne le savez peut-être pas, mais à force d’expérience, on comprend rapidement quelle est la recette magique qui fonctionne sur Instagram.
Il existe un style de photos qui peut vous assurer des milliers de likes, et des dizaines de milliers d’abonnés en quelques mois à peine. 

Ces photos, on les appelle dans le milieu les bangers. Ce terme vient de l’argo anglais pour désigner à la base une chanson populaire sur laquelle les gens aiment danser.
En gros, une chanson qui fonctionne bien, quoi.

A l’ère d’Instagram, le terme a été repris par les instagrammeurs et influenceurs pour désigner une photo qui marche bien et qui ramène des likes. 

On vit donc actuellement une période où les gens qui veulent percer sur Instagram sortent avec leur appareil photo avec le seul but de ramener un banger à poster le soir même.

Alors à ce stade, vous vous demandez surement pourquoi il y a cette course aux likes et aux bangers. J’en reviens à 2016, lorsqu’Instagram a tué le feed chronologique pour le remplacer par un algorithme obscur. 

Les photographes qui à l’époque postaient des photos qui leur plaisaient, mais qui ne parlaient pas spécialement à une masse, se sont vus pénalisés par ce nouvel algorithme. Moins de likes, moins de nouveaux abonnés, moins de visibilité, et donc moins de contrats juteux. Et moins de confiance en soi aussi, mais ça c’est encore un autre débat.

Du coup, pour compenser tout ça, ils se sont tous mis à poster ce qui marchait : les fameux bangers. Des photos prises au coucher du soleil, des photos qui crient à l’aventure et à la liberté, des photos d’un petit personnage se tenant au sommet d’une montagne à l’horizon. Vous voyez de quoi je parle, j’en suis sûr.

Le constat est clair et net : ces photos marchent mieux que les autres, elles ramènent des likes et des nouveaux abonnés. Grâce à ça et au nouvel algorithme, Instagram les met encore plus en avant, et ainsi est créé un cercle vicieux dont il est difficile de sortir.

Si beaucoup de photographes aujourd’hui ont arrêté de jouer le jeu et se sont recentrés sur des photos qui leur plaisent avant tout, quitte à ce qu’elles plaisent moins à la masse et aux codes d’Instagram, d’autres photographes sont par contre bloqués avec cette pression constante de devoir créer des bangers pour avoir l’impression d’exister sur la plateforme.

Jusqu’en 2017, j’ai fait partie de ces photographes. Je voyageais avec l’ultime but de ramener des bangers à poster pour plaire à mes abonnés. 

Puis, avec mon projet Peaks of Europe, j’ai voulu tenter quelque chose de nouveau. J’ai laissé place à plus de photo documentaire et de reportages, et ai petit à petit délaissé la photo de paysage. J’ai testé, j’ai expérimenté, et au final, mes inspirations et mes influences n’ont jamais autant évolué que depuis ces dernières années. 

Je pense vraiment que la seule façon de se libérer du carcan d’Instagram est d’arrêter de suivre les tendances, et de s’essayer à quelque chose de nouveau.

Un lever de soleil, une tente de toit, une personne contemplant l'horizon. La photo est belle, elle fait rêver, mais je l'avais prise principalement parce que je savais qu'elle allait bien fonctionner sur Instagram. Nouvelle Zélande, 2016.
La photo ici illustre une scène de vie tout à fait ordinaire de Varanasi, en Inde. Cette photo me plait aujourd'hui beaucoup plus que la précédente, mais elle est loin d'être "Instagram proof". Inde, 2019

La créativité tuée

Ce qui découle directement de cette course aux bangers, c’est forcément l’homogénéisation des photos que l’on trouve sur Instagram. Même si ce constat tend à avoir diminué dernièrement, les années 2016 à 2018 ont vu un boom de créateurs qui reproduisaient les mêmes photos, des fois au pixel près. 

Ce comportement a été pointé du doigt plusieurs fois, notamment par le compte @Insta_Repeat.

En 2018-2019, on était arrivé à un point tel que des files d’attente de plusieurs dizaines de mètres se formaient à certains endroits touristiques populaires sur Instagram. Les fameux InstaSpot.

Et c’est sans compter sur les dérives environnementales et écologiques que cela a provoqué, et provoque toujours d’ailleurs. J’imagine que le COVID19 a certainement aidé à ralentir tout cette frénésie, mais ça n’a pas empêché le gouvernement néo-zélandais de lancer une campagne digitale début 2021, demandant aux touristes et influenceurs de ne plus visiter les InstaSpots célèbres du pays.

Il y a 1 an ou 2, de nombreux journalistes s’étaient d’ailleurs penché sur la question et sur les méfaits d’Instagram d’un point de vue écologique et environnemental. Voici quelques articles intéressants à ce sujet, parmi beaucoup d’autres que l’on peut trouver facilement sur le web.
La mauvaise influence écologique d’Instagram
Comment nos photos postées sur Instagram influencent l’environnement
Instagram et les influenceurs, une menace pour l’environnement ?
Is Instagram killing the environment?

La course aux chiffres qui démoralise

En 2019, Instagram a annoncé qu’il testait une nouvelle fonctionnalité auprès de certains utilisateurs uniquement. Il a masqué le nombre de likes reçus sur les publications qui apparaissent dans le feed. 

Cette idée est née du constat que beaucoup trop de photographes et de créateurs de contenu se sentent de plus en plus frustrés voire déprimés lorsqu’ils n’atteignent pas un certain nombre de likes sur leurs posts. 

C’est clairement charitable de la part d’Instagram, mais 2 ans plus tard, ils sont toujours en phase d’essai et n’ont pas encore rendu la fonctionnalité publique à tous.

C’est évident que les likes et le nombre d’abonnés ne sont pas révélateurs de la qualité du travail d’un photographe.

Avec mes nouvelles inspirations et influences, je valorise 1000x plus le travail de certains photographes qui ont moins de 10.000 abonnés, que celui de photographes à plusieurs millions d’abonnés et 50.000 likes par photo.

Je peux comparer ça avec l’industrie du cinéma. Même si un blockbuster sera toujours plus populaire et fera plus d’entrées qu’un film d’auteur, ça n’est pas pour autant qu’il est de meilleur qualité.

L’art mainstream versus l’art indépendant. C’est un débat qui dure dans tous les milieux artistiques depuis des générations, et qui est plus que jamais une réalité à l’ère d’Instagram.

 

Voici ci-dessous deux exemples concrets de photos puissantes, qui me plaisent énormément, et qui à mes yeux ont beaucoup plus d’impact que certaines photos populaires sur Instagram. Pourtant, les deux photographes, Chloé Sharrock et Olivier Laban-Mattei comptent tous deux moins de 5.000 abonnés à l’heure où j’écris ces ligne.

Être formaté pour Instagram

Parlons maintenant d’une dérive un peu plus subtile, et qui pourtant est révélatrice de ce dont j’ai parlé juste avant.

Tout le monde le sait, Instagram est optimisé pour les écrans de smartphone, et il est donc plus agréable de consommer du contenu vertical.

On le voit notamment sur TikTok, sur Facebook, et maintenant sur Instagram : même les vidéos sont postées au format vertical. 

Et pourtant, je me souviens qu’en 2010, je me moquais ouvertement de mes amis et de ma famille lorsqu’ils filmaient une vidéo avec leur smartphone en vertical, pour la poster sur Facebook de la sorte. 

Pour moi c’est une aberration visuelle, mais  qui est aujourd’hui devenue la norme.

Instagram a à sa manière imposé une nouvelle norme, celle de la photo verticale. Celle du format 5:4 aussi par ailleurs, mais c’est un autre débat. 

Je sais que beaucoup de photographes shootaient déjà au format vertical bien avant qu’Instagram n’existe, mais ça restait de toute façon plus occasionnel que le classique format paysage.

Aujourd’hui, il n’est pas rare de se balader en rue, d’être dans une destination touristique populaire, et de croiser un paquet de photographes qui shootent en portrait. Ils sont formatés à Instagram. Instagram leur a imposé une contrainte, et pas des moindres, celle de devoir tout cadrer en vertical. 

Pour ma part, je pense que le cadrage d’une photo se doit d’être réfléchi. Si je décide de prendre une photo en portrait ou en paysage, c’est qu’il y a une raison derrière, et je n’ai pas envie de me sentir forcé à shooter dans un sens plutôt que dans un autre, juste pour être InstagramProof.

J’ai tellement souvent entendu des amis photographes me dire après un shooting qu’ils ont shooté beaucoup trop de photos verticales et pas assez, voire aucune photo horizontale.

Je sais que ça peut paraitre subtil voire anecdotique pour beaucoup d’entre vous, mais pour moi, c’est une réelle dérive d’Instagram, que les photographes d’aujourd’hui doivent subir de plein fouet.

Deux photographes photographiant des bangers au format vertical. Une scène qui vous est familière ? Pourtant, avant l'arrivée du format vertical sur Instagram, il était rare de voir ça.

Être mis dans une case

Je terminerai cet épisode en soulevant un problème qui ne concerne que les photographes qui se sont d’abord lancés sur Instagram, et se sont fait connaitre grâce à ça. Des photographes dont je fais partie.

Pour en avoir discuté avec beaucoup de mes pairs, on souffre tous d’un certain manque de crédibilité dans l’industrie photographique dite classique. Je fais référence ici aux organisations de concours photo, aux galeries, aux agences photo et aux magazines, pour ne citer qu’eux. J’aurais même tendance à dire que l’on manque de crédibilité auprès de certains types de clients.

La raison est simple: tous ces acteurs voient ces photographes avant tout comme des Instagrammeurs. A leurs yeux, on est des photographes de pacotille en somme. Comment pourrait-on se définir photographe lorsque notre seul objectif est la course aux likes et aux abonnés?

Avec ce que j’ai expliqué dans cet épisode, on pourrait dire qu’ils n’ont pas tout à fait tort. Sauf qu’il n’y a que très peu de place à la nuance. 

Je n’ai aucun doute sur le fait que des photographes se complaisent totalement dans leur univers d’Instagram, et ne cherchent pas spécialement à évoluer ou à obtenir une reconnaissance de l’industrie. 

Mais d’autres tentent par tous les moyens de se défaire en vain de cette étiquette d’Instagrammer/Influenceur que beaucoup trop de gens leur colle.

« Un Instagrammeur sonne comme une version plus cheap qu’un photographe professionnel.
Un Instagrammeur a moins de mérite qu’un vrai photographe.
Un Instagrammeur n’est pas vraiment un photographe. Il ne vend pas vraiment ses photos, il vend surtout de l’influence.« 

Autant d’affirmations que j’ai pu entendre dans la bouche de certains professionnels du milieu, voire même de clients.

La résultante est sans appel : tout le monde cherche à nous faire comprendre que nous ne sommes pas légitimes, que nous n’avons pas le droit de nous considérer comme photographes. Ainsi nait en nous le syndrome de l’imposteur, et des questions telles que 

« Qui suis-je pour proposer un sujet au National Geographic ?
Suis-je bien légitime pour faire une exposition ou sortir un livre photo ?
Qu’en penseront les autres photographes qui sont sortis d’une écolo photo réputée ?« 

Conclusion

Instagram a clairement changé le monde de la photo et la relation qu’ont les photographes à leur métier et aux images qu’ils créent.

L’un dans l’autre, Instagram a besoin des photographes pour exister, et inversement. Sauf que le rapport de force ne semble pas, ou du moins plus du tout équitable.

Reste à voir maintenant où Mark Zuckerberg et son équipe décideront d’emmener leur app fétiche. Avec l’implémentation de nouvelles fonctionnalités telles que les Reels, qui n’est rien d’autre qu’une copie de TikTok, il semblerait non seulement qu’Instagram mise son avenir sur le boom de la vidéo, mais aussi qu’il continuer à alimenter la culture de l’homogénéisation de l’internet. On sait maintenant quelles peuvent en être les tristes conséquences.

J’espère que ce premier épisode de Blue Hour vous a plu. Dans le prochain épisode, j’échangerai avec un ou une invité autour d’une thématique bien différente de celle d’aujourd’hui. On parlera toujours photo, de long en large, et de large en travers.

Merci d’avoir écouté cet épisode. Si vous appréciez ce podcast, n’oubliez pas de laisser une note et un commentaire sur Apple Podcasts, ça compte énormément et ça aide à la visibilité.

Je vous donne rendez-vous très prochainement pour une nouvelle Blue Hour.

3 Comments

  1. BERNARDON 10 avril 2021 at 17h28

    Merci pour ces premiers podcasts que j’ai découvert grâce au podcast « Faut pas pousser les Iso ».
    À bientôt
    Excellente journée
    Pascal

    Reply
    1. johanlolos 12 avril 2021 at 10h33

      Merci pour votre commentaire, Pascal, et merci à l’équipe de FPPLI pour la mention 🙂

      Reply
  2. Fred 13 avril 2021 at 3h57

    👍🏻

    Reply

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