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Rencontre(s)

Virginie Nguyen Hoang, photojournaliste

C'est en Egypte, où j'ai travaillé pour un journal local, que j'ai fait mes armes en tant que photojournaliste. C'est là que j'ai vraiment appris ce qu'est d'être photojournaliste sur le terrain.

A l'école, on apprend ce qu'est le photojournalisme, on nous fait faire des reportages, mais c'est pas la réalité du terrain. On n'apprend pas à observer ce qu'il se passe autour de nous.

Le concept du fixer, je ne me rappelle pas l'avoir appris à l'école, alors que c'est hyper important, c'est la personne de confiance qu'on a sur le terrain. Quand on reçoit des prix en tant que photojournaliste, ces prix leur reviennent tout autant qu'à nous.

Des manifestants montrent leurs main pleine de sang de leur compatriote blessé après que les troupes égyptiennes ont ouvert le feu sur des manifestants marchant vers le siège de la Garde Républicaine pour exiger le retour du président déchu Mohammed Morsi. Les violences ont éclaté lorsque des dizaines de milliers des partisans de Morsi sont arrivé au siège en scandant "A bas le régime."
©VIRGINIE NGUYEN HOANG/ Egypt,Cairo 27/01/2013 Les tirs de gaz lacrymogène devenaient plus intense la nuit.

J'ai les yeux hyper sensibles à la lumière. Dès qu'il y a un peu de soleil dehors, je suis obligé de porter des lunettes de soleil, c'est l'objet qui m'accompagne partout avec moi. Si je pars sans mes lunettes de soleil, c'est un vrai problème.

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Cette photo est hyper symbolique pour moi. Je suivais cette famille à Gaza depuis 2 ans. Ce petit garçon est né juste après le conflit, mais sa maison, celle qui devait l'accueillir, avait été complètement détruite durant la guerre. Ce jour là, non seulement il fêtait son anniversaire, mais sa famille célébrait la nouvelle du financement pour reconstruire leur maison.

Gaza Shejaya: Yamen Al Batneeny célèbre son premier anniversaire avec sa tante et sa cousine. Il est né pendant la guerre 2014 tandis que sa maison était déjà complètement détruite par un raid aérien israelien. Pour son anniversaire, ses grands-parents ont obtenu la nouvelle que la reconstruction de sa maison commencera normalement la semaine d’après. 12/08/15
Gaza Shejaya: Yamen Al Batneeny célèbre son premier anniversaire avec sa tante et sa cousine. Il est né pendant la guerre 2014 tandis que sa maison était déjà complètement détruite par un raid aérien israelien. Pour son anniversaire, ses grands-parents ont obtenu la nouvelle que la reconstruction de sa maison commencera normalement la semaine d’après. 12/08/15

A Gaza, j'essaie de documenter la reconstruction, mais surtout la résilience des gens. Je veux montrer ce qu'il se passe, mais aussi le courage des gens.

Gaza, Khuzaa: Sabrine Al Najar prépare le repas à l’intérieur de la petite cuisine de son conteneur. 31/10/14
Gaza, Khuzaa: Sabrine Al Najar prépare le repas à l’intérieur de la petite cuisine de son conteneur. 31/10/14
GAZA, Beit Hanoun: quartier de Beit Hanoun, nord de Gaza, détruit par les bombardements israéliens. A gauche, la maison de la famille Abu Ouda partiellement détruite lors de la guerre de l'été 2014.
GAZA, Beit Hanoun: quartier de Beit Hanoun, nord de Gaza, détruit par les bombardements israéliens. A gauche, la maison de la famille Abu Ouda partiellement détruite lors de la guerre de l'été 2014.
Gaza, Khuzaa: Ahmed Al Najar est assis dans le salon du conteneur où vit sa soeur et sa mère. Au-dessus de lui, des photos de son frère tué pendant la guerre de 2014. 09/08/15
Gaza, Khuzaa: Ahmed Al Najar est assis dans le salon du conteneur où vit sa soeur et sa mère. Au-dessus de lui, des photos de son frère tué pendant la guerre de 2014. 09/08/15

Durant la guerre de 2014, j'ai vu des personnes qui mouraient, mais aussi toute la destruction de Gaza. C'était inimaginable. Il y avait des quartiers, des champs, qui étaient détruits entièrement.

En rentrant en Belgique, je me demandais constamment comment ces gens allaient reconstruire tout ça. La crise humanitaire, elle était là. Elle commençait une fois que le peuple avait perdu tout ce qu'il avait. C'est comme ça que l'idée de repartir après le cessez-le-feu pour ma série Gaza the aftermath est née.

Gaza, Beit Hanoun; Abir Abu Ouda fait sa vaisselle dans une cuisine improvisée de sa maison à moitié détruite située juste en face de la frontière israélienne dans le nord de la bande de Gaza. 21/10/2014
Gaza, Beit Hanoun; Abir Abu Ouda fait sa vaisselle dans une cuisine improvisée de sa maison à moitié détruite située juste en face de la frontière israélienne dans le nord de la bande de Gaza. 21/10/2014
Gaza, Beach Camp : Dalia Alsabagh, 10 ans, marche dans de l’eau de la cour de l’école de l’UNRWA,où elle vit avec sa famille, après que de fortes pluies soient tombées sur Gaza. 04/11/14
Gaza, Beach Camp : Dalia Alsabagh, 10 ans, marche dans de l’eau de la cour de l’école de l’UNRWA,où elle vit avec sa famille, après que de fortes pluies soient tombées sur Gaza. 04/11/14
Gaza, Beit Hanoun: Abdel Abu Ouda et son fils se reposent dans le salon de leur maison à moitié détruite lors des bombardements de l’été 2014. 21/10/2014
Gaza, Beit Hanoun: Abdel Abu Ouda et son fils se reposent dans le salon de leur maison à moitié détruite lors des bombardements de l’été 2014. 21/10/2014

Avant de partir, je m'étais dit qu'il fallait que je raconte cette histoire à travers des familles, car c'est plus simple de s'identifier.

Gaza, Beach Camp: Shadia Alsabagh et sa belle-mère debout dans la salle de classe où elles se sont installées au mois de septembre 2014. Leur maison à Beit Laya a été détruite le premier jour de la guerre de l'été 2014.  22/10/14
Gaza, Beach Camp: Shadia Alsabagh et sa belle-mère debout dans la salle de classe où elles se sont installées au mois de septembre 2014. Leur maison à Beit Laya a été détruite le premier jour de la guerre de l'été 2014. 22/10/14
Gaza, Beit Hanoun: Shorouk Abu Ouda, 11 ans, regarde la pluie qui tombe sur les ruines de son quartier. 16/11/14
Gaza, Beit Hanoun: Shorouk Abu Ouda, 11 ans, regarde la pluie qui tombe sur les ruines de son quartier. 16/11/14

Avec la Syrie, mon envie c'était de parler de la population. Le conflit était médiatisé, on parlait beaucoup de Bachar, du front, mais pas tant que ça des gens. Mon truc, c'est vraiment de parler des conséquences d'un conflit sur une population locale.

Syrie, Alep: Des gens font la queue en face d'une boulangerie d'Alep. Depuis une semaine il y a une grande pénurie de pain, le prix de 1Kg est devenu 12 fois plus qu'auparavant. Dans la rue, 1 kg de pain coutera 200 pounds syrien, a la boulangerie, 25 livres syriennes, le 9 décembre 2012.
Une centaine de syriens, pour la plupart des enfants, manifestaient dans le quartier d'Alkaterji, nord-est d'Alep. Ils chantaient contre le regime et Bashar, le 14 décembre 2012.

Parfois, les fixers en zones de conflit, ça peut monter jusqu'à 800$ la journée. Pour un photojournaliste indépendant, c'est impayable. La plupart du temps, on va plutôt chercher des fixers à 100$/jour. Il y a donc certaines zones que j'aimerais vraiment couvrir, mais au niveau logistique et financier, ça me bloque.

UKRAINE: Ania, une ancienne habitante près de la ligne de front de Shyrokyne se plaint de sa situation à un combattant du bataillon Donbass qui est venu constater les dégats des bombardement de la nuit dernière.
UKRAINE, Shyrokyne: Un combattant du bataillon Donbass tire avec un pistolet machin à la position séparatiste dans Shyrokyne.
UKRAINE, Shyrokyne: Lenza tire à l'aide du lance grenades antichar. A côté de lui, son camarade Andrei bouche ses oreilles.

Avant de partir sur le terrain, je me documente. Ca peut prendre des jours, des semaines, des mois, à lire des rapports, des articles sur le sujet en question. Voire même découvrir d'autres routes afin de recadrer le sujet.

LONG DA'AUN, Malaisie: Ma, Plinton, Gary et Guman se protègent de la pluie après avoir construit un abri de feuilles et de branches, le 3 décembre 2019
LONG DA'AUN, Bornéo: Ma, gendre de Guman et entouré de ses beaux-frères, essaie d'attraper un oiseau dans un arbre à l’aide de sa sarbacane, le 2 décembre 2019.
LONG DA'AUN, Malaisie: Après une journée de chasse, Guman Megout se repose près du feu avec son chat à ses cotés. Guman a attrapé un sanglier mais trop lourd pour le porter entièrement, il le coupa en deux parties pour le ramener à la maison. L'autre partie a été attachée à un rocher de la rivière et sera ramassée le lendemain, le 5 décembre 2019.

Une fois que j'ai fait mes recherches sur mon sujet, je le propose d'abord à des bourses, en présentant le projet, la problématique, ce qu'on compte faire sur place, comment on va le faire, avec quel budget, et pourquoi c'est intéressant.

LONG DA'AUN, Bornéo: Celina, femme de Guman, transporte un demi tronc de sagoutier pour que ses fils et son mari en retire la sciure. Celle-ci sera alors stockée sous forme de farine et consommée sous forme de bouillie, le 4 décembre 2019.
LONG DA'AUN, Malaisie: Long Da'un signifie village Da'un qui n'est pas vraiment un village à proprement parler car il n'y a qu'une seule famille de dix personnes qui y vit.La famille Guman s'est installée en 2017. Avant, ils se déplaçaient dans la forêt tropicale le long de la zone de Seridan, le 2 décembre 2019.

L'avantage de gagner des prix, c'est que ça fait surtout parler de l'histoire, ça apporte une plus grande visibilité au sujet. Et puis ça donne également plus de crédibilité et de légitimité dans l'industrie.

SHEJAIYA, GAZA: Wael, à gauche, lance des pierres vers les soldats iraéliens malgré ses blessures aux jambes dues à une manifestationn précédente, le 14 mai 2018. Le 30 mars, les Palestiniens de Gaza ont décidé pour lancer le mouvement "Grande marche du retour" qui se déroule sous forme de sit-in et camps aux frontières avec Israel afin de réclamer leur droit au retour.
SHEJAIYA,GAZA: Un Shebab a été blessé à la jambe par un tir de l'armée israelienne le 14 mai 2018. Les soldats israéliens ont tué au moins 52 Palestiniens et en ont blessé plus d'un millier lors de manifestations qui coïncident avec l'ouverture controversée de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem.

Partir directement couvrir un sujet chaud, est-ce que c'est encore possible ? Je ne sais pas. Sans l'appui d'un media derrière, c'est vraiment compliqué. Partir du jour au lendemain dans un pays difficile d'accès, ça me semble impossible.

GAZA CITY, GAZA: Un manifestant crie sur l'infirmier alors qu'un de ses amis est grièvement blessé à la jambe le 14 mai 2018 dans la ville de Gaza, Gaza. Les soldats israéliens ont tué au moins 60 Palestiniens et en ont blessé plus d'un millier lors de manifestations qui coïncident avec l'ouverture controversée de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem.
Gaza, Jabalia: Ramy, OT superviser in the MSF clinic, is helping the nurses to disinfect the leg and the pins before the surgery. One of Ramy's ambition is to be able to work aroad with MSF. The 3rd November 2019.

Notre objectif avec le collectif Huma, outre le caractère humaniste, c'est de montrer des histoires plus positives à travers du négatif.

Le projet What The foot?! raconte ce que le football féminin apporte aux jeunes filles dans le monde en termes d'empowerment, de confiance en soi, d'épanouissement. C'est un moyen pour elles de dire non face à une société ou une famille trop patriarcale.

HUTUP, India: 4:45 am, in a rural village in Jharkhand, it is still pitch dark. Girls and teenagers board the school bus of the Yuwa School. Shirts, shorts over leggings, long socks and ball nets: before going to class, they're going to play football, like almost every day, on uncultivated fields and flat plots selected within a radius of ten kilometers, the 29th March 2019. The Yuwa school gather studies and football in order to keep teenage girls far from early marriages and pregnancy. As a matter of fact, the young girl playing football gain confidence, can count on the team, they learn skills, realize the importance of education and inspire other young people to do so.
Gullegem, Belgique: Tine et ses coéquipières du FC Gullegem s'échauffent avant leur match de championnat contre l'équipe masculine de Zulte Waregem, le 16 septembre 2018. Virginie NGUYEN HOANG/Collectif HUMA/WTFoot
Abidjan, Ivory Coast: Marie-Paule and her teammates make an effort on technical exercises during a training session on their arid football pitch of Ebimpé, located at a few kilometers from the new Olympic stadium Alassan Ouattara, the 12th November 2020. Marie-Paule belongs to the first division team Abdul Ivoire FC. They train four times a week from 10 a.m. to 12 p.m. when the sun is at its peak. Before the Covid19 crisis, they also had matches on weekends but since March, the championships have stopped. Champions of the second division and new team in the first division, the players have been training hard since the resumption in November in order to be ready to start a new season whose starting date still unknown. Although they play in first division, none of them are professional as they randomly earn 20 000 CFA a month (30€), the 12th November 2020.

Etre membre d'une agence comme Hans Lucas, ça permet d'avoir un accès à des lettres ou à des accréditations de la part d'une structure lorsqu'on doit faire une demande de visa.

SYRIE: Abu Issa, le commandant de la brigade ASL Thuwwarr ar-Raqqah à Kobane entouré par un combattant de sa brigade. A sa ceinture, des explosifs au cas où il serait kidnappé, le 8 février 2015.
Syrie, Azaz: Depuis deux semaines, l'Armee syrienne libre est autour de l'aéroport entre les villages de Azaz et Marea afin d'organiser une attaque et prendre le controle de cet aeroport dans les deux semaines. Les combats entre les tireurs d'elite ont deja commencés, le 17 décembre 2012. .

Beaucoup de medias aujourd'hui n'ont plus d'argent, donc ils prennent des photos là où ils en trouvent gratuitement, via des plateformes ou auprès d'amateurs. Et les gens s'en contentent. C'est ça le problème, c'est qu'il n'y a plus vraiment une demande pour le vrai photojournalisme comme il y avait auparavant dans des grands magazines.

Il faut motiver les jeunes à multiplier leurs sources d'informations. Aujourd'hui, leur première source, c'est soit Instagram soit TikTok. Il faut qu'il y ait un travail de notre part pour les motiver à voir d'autres choses, à acheter des journaux, à aller voir des expositions.

GAZA , Zaytoun : Mohammed Al Saedi et un de ses voisins qui l'aide à décorer leur rue. 14/08/15
GAZA , Zaytoun : Un jeune homme du quartier de Zaytoun peint des pneus utilisés comme décoration dans la rue. 14/08/15
GAZA , Zaytoun : Des garçons jouent dans les rues de Zaytoun . Derrière eux , un mur totalement bleu et violet. Les enfants du quartier sont très heureux du nouveau look de leurs rues . 15/08/15
Un immense merci à Virginie pour sa disponibilité et ce partage.

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