On en parle dans l'épisode
- Le photographe Régis Defurnaux
- Son compte Instagram : @regisdefurnaux
- Le photographe français Jean Gaumy
- Le photographe français Frédéric Sautereau
- Alain Frilet, ancien responsable communication MSF. Voir cet article où il est cité ONG et photographes font-ils bon ménage ?
- L’ONG Action contre la faim
- Le photographe américain Kevin Carter
- Le photographe néo-zélandais Robin Hammond
- Le photographe belge Gaël Turine
- Le festival photo Visa pour l'image
- Le photographe franco-tchèque Josef Koudelka
- Le photographe vietnamo-américain Nick Ut
- La photographe américaine Stephanie Sinclair
- Le photographe américain Leonard Freed
- Les peintres belges Constant Permeke et Roger Somville
- Les peintres français Honoré Daumier et Pierre Bonnard
- Le peintre anglais Joseph Mallord William Turner
- La photographe française Laurence Geai
- La photographe belge Marie Tihon
- Le photographe Régis Defurnaux
- Son compte Instagram : @regisdefurnaux
- Le photographe français Jean Gaumy
- Le photographe français Frédéric Sautereau
- Alain Frilet, ancien responsable communication MSF. Voir cet article où il est cité ONG et photographes font-ils bon ménage ?
- L’ONG Action contre la faim
- Le photographe américain Kevin Carter
- Le photographe néo-zélandais Robin Hammond
- Le photographe belge Gaël Turine
- Le festival photo Visa pour l'image
- Le photographe franco-tchèque Josef Koudelka
- Le photographe vietnamo-américain Nick Ut
- La photographe américaine Stephanie Sinclair
- Le photographe américain Leonard Freed
- Les peintres belges Constant Permeke et Roger Somville
- Les peintres français Honoré Daumier et Pierre Bonnard
- Le peintre anglais Joseph Mallord William Turner
- La photographe française Laurence Geai
- La photographe belge Marie Tihon
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Rencontre(s)
Régis Defurnaux, photographe humanitaire
J'ai beaucoup de mal avec les compartimentages. Je pense qu'il y a une pratique de l'image au sens large. On se met à mal et on s'empêche de communiquer entre nous, de collaborer et d'avoir une vision très large et très englobante de toute une série de pratiques.
Par contre, la question gagne en intérêt si on vient repréciser plutôt sur l'usage, car il y a effectivement des usages très différents.

Pour cette photo du gamin et de l'oiseau, j'aurais pu sélectionner des photos plus évidentes. Le gamin avec son aigle de face, un portrait classique, et ça aurait été tout aussi joli. Mais moi je préfère justement qu'on ne voit pas les visages. Je préfère qu'on soit de dos.
Je préfère cette gestuelle parce qu'on peut réellement rentrer dans un univers qui va à la fois être le leur. On y vient avec son propre imaginaire et sa propre sensibilité, et c'est là que dans l'editing, on peut créer une zone de rencontre.


Dans mon passeport, j'ai toujours un polaroïd de mes 3 gamins.
On n'en parle pas beaucoup, mais on photographie avec tout ce qu'on est. Si on est un père, on photographie avec ça, on a ça dans les tripes.
Il n'y a pas un seul reportage où je suis parti sans eux.


Il y a cet aspect migratoire, cet espèce de déplacement qui me fascine. C'est un fil rouge de tous mes travaux et une de mes obsessions.
On est tous très conscients qu'il y a une perte de biodiversité. Ca pour moi c'est l'urgence numéro un.
Mais ce qu'il faut dire tout de suite après, c'est que cette perte de biodiversité elle est intrinsèquement liée, et qu'elle produit automatiquement une perte de diversité culturelle.



Sur place on n'est pas tout seul. Ca me choque de voir des travaux de très grands photographes et de ne pas voir apparaître suffisamment les fixers qui sont en fait nos âmes soeurs.
Les frontières sont une catastrophe pour les êtres humains, une catastrophe pour les écosystèmes.
Les compartiments, c'est un problème, et séparer l'action des ONG entre elles, je pense que c'est potentiellement un problème.
(...)
Depuis tout petit je suis incapable de voir les frontières.

Il y a à la fois l'opportunité, et puis aussi un peu d'opportunisme. Il faut revendiquer une dose d'opportunisme. Il faut avoir l'intelligence de dire qu'on a des envies personnelles, et puis en même temps de voir une opportunité.
En photographie, à un moment donné, on veut quelque chose. Mais le tout c'est la manière. C'est-à-dire qu'on ne le veut pas de manière agressive, on ne le veut pas avec de l'ego. On le veut dans une dimension de participer, de partager quelque chose, et de se diluer.
L'ONG n'est pas quelque chose que je considère comme un moyen, c'est un vrai partenaire.
En revenant dans toutes ces photos, je me suis rendu compte que quand ces photos sont vraiment importantes, c'est presque de la photo corporate et non pas de la photo où l'on peut affirmer une signature photographique. On doit délivrer quelque chose avec un certain canevas, une certaine attente. On ne peut pas faire des choses trop artistiques.
Je pense que les ONG se dirigent de plus en plus vers quelque chose qui est de l'ordre du narratif, avec la volonté de ne pas simplement choquer ou émouvoir, mais la volonté de faire prendre conscience. Et cette prise de conscience va être plus profonde si on arrive à partager une histoire.
On peut dire la réalité en une image violente, mais on ne pourra pas la faire comprendre.
Il ne faudrait pas avoir cette idée que 5 ou 6 images changent le monde.
Par contre, ce qui peut changer le quotidien pour des groupes humains dans des endroits relativement petits, c'est le cumul de travaux de différents photographes, qui couche après couche, reportage après reportage, vont dénoncer un problème.


La vie n'est pas que tristesse. C'est aussi de la joie, du beau. Il y a aussi des moments de partages, de rencontres, de découvertes.
Si on n'avait plus que ce discours alarmiste, misérabiliste, défaitiste, catastrophiste, etc, on trahirait une partie de la vie et du réel parce qu'il y a aussi de la joie.
Quand je suis au Japon, je suis dans un registre plus esthétique, plus esthétisant, et ça fait du bien à l'oeil.
Cet aspect du beau, de splendeur du monde devant soi, de contemplation, il doit être là. Et il doit faire chemin avec une dimension de rage, de colère, de tentative de faire bouger les choses, et de les faire advenir vers quelque chose de meilleur.
Je ne peux pas imaginer un monde juste sans beauté, mais je ne peux pas imaginer non plus un monde de beauté sans justice.


